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  • : carnet-rickshaw
  • : Blog consacré aux Rickshaw Wallahs et relayant un voyage Dhaka-Delhi à vélo-rickshaw (oct 2008-mars 2009)
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30 décembre 2007 7 30 /12 /décembre /2007 23:45

Il est midi passé. Il fait chaud. Les 30° peut-être. Je sors m’en aller déjeuner. J’arrive sur la Road 35 qui mène à Gulshan 2. Je marche quelques pas, me retourne de temps à autre à la recherche d’un rickshaw. Rien. Peu de circulation. Je me fais une raison. On ira à pied. Ce n’est pas loin après tout.

Un jeune rickshaw wallah arrive à ma hauteur, me dépasse. Il est debout sur ses pédales, en roue libre. Il se retourne vers moi, me regarde.
« - Ricksha ? (1) » .
« - Yes, please, Gulshan 2 »
« Koto takas ? »
Ce sera 5 takas. C’est à coté.
Je monte sur le rickshaw. Nous faisons quelques dizaines de mètres. Des rickshaw wallahs déjeunent là sur le bord de la route. Je reconnais Hassan. Je demande au « driver » de stopper. J’acquitte les 5 takas.
Ils sont une petite dizaine à manger là sur un banc, dos à la route, à l’ombre de quelques arbres. A proximité, un rickshaw wallah fait la sieste, en équilibre sur son rickshaw. A quelques mètres, un « thé shop ». On y trouve aussi pan et bananes. Face à eux, un mur bordant la route au pied duquel des eaux nauséabondes ruissellent dans un petit caniveau.
         
Hello, my friend ! » me lancent-ils.
Ils m’ont reconnu. C’est vrai qu’ils sont nombreux à me connaître dans le quartier. Le « bruit » s’est rapidement répandu. Certains m’ont vu au guidon du rickshaw. J’ai bavardé avec les autres. Je leur ai parlé de mon projet. Certains sont enthousiastes à cette idée, d'autres ne semblent  « comprendre ».
« - Very good…Balo, Balo » (2)
Only « Crasy » je m’entends dire parfois.

Quelques minutes de repos accordées le temps de ce repas. Ce sera riz et dal ce midi. Peut-être comme « goto kal » ou « agami kal » (2). Je n’ai pas demandé.
Le cuisinier s’est chargé de faire les achats et de préparer le repas. Il est assis à même le sol, près d’une grosse gamelle ronde d’alu. C’est lui qui fait le service. Les rickshaw wallahs lui tendent leur assiette. Il y a le « rab » de fin de service. On peut redemander.

Hassan est là.  Hassan est un de ces rickshaw wallahs qui parlent anglais. Ils ne sont pas nombreux sur la place ici au Bangladesh. Il l’a appris aux contacts des « Foreigners » me dit-il. Une chance. Cela lui permet de prendre place devant l’un des grands hôtels de Gulshan 2. Clientèle étrangère. Garantie d’un salaire à peu près descend.
Il
est rickshaw wallah depuis dix ans me dit-il. Il me dit avoir 29 ans. Il est veuf. Ses deux filles vivent chez sa belle mère, à Dhaka. Il a un frère, deux sœurs. Ils sont tous les trois mariés, vivent eux aussi sur Dhaka.
Il voit ses filles régulièrement. Sa belle mère habite à proximité. C’est une chance. Il espère un jour pouvoir se remarier, reconstruire une vie. Il n’est pas trop vieux pour ça me précise-t-il.
En attendant, il s’acquitte chaque jour de la location de son rickshaw. Une somme qu’il préférerait consacrer à ses filles me dit-il…

Jean-Louis
(à suivre)

 

(1) Rickshaw : prononcer « ricksha »
(2) « Très bien, très bien »
(3) hier, demain

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